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AERE, Association Environnement Reignier-Esery

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Do you speak Neolithique ?

Publié le 5 Mars 2017 par aere74930

Faisons un petit détour vers la Pierre aux Fées pour regarder à deux fois notre dolmen reignerand. Actuellement, cet imposant édifice n’est guère mis en valeur et le «potentiel d’amélioration» du site est certain.

 

D’un point de vue écologique, l’intérêt de la Pierre aux Fées est de rappeler notre passé commun, là d’où nous venons, notre trajectoire sur cette Terre. Or il existe un décalage largement répandu entre notre perception du passé préhistorique, souvent négative, et la réalité archéologique ou ethnologique telle que reconstituée ces dernières années par les scientifiques.

 

 

Pour certains, la préhistoire fut une période terrible durant laquelle on ne faisait que se battre à coups de massue pour un bout de viande, souffrir du froid et mourir prématurément1.

Ces clichés, souvent assénés avec véhémence, doivent être questionnés. La paléontologie moderne couplée aux approches de médecine légale a permis de déduire une foule d’informations nouvelles sur notre passé lointain. (Ci-dessous, reconstitution d’Ötzi, contemporain de la Pierre aux Fées).

 

Le savoir nouveau procuré par les recherches ADN depuis le décodage du génome en 2001 a donné des analyses encore plus fines, permettant par exemple de déterminer l’âge et même la parenté de plusieurs individus à partir de quelques ossements. Une précision inouïe! 

 

La littérature récente nous livre ainsi un tableau de l’évolution humaine plus riche, avec des ancêtres qui, comme nous, maîtrisent la conservation des aliments et s’équipent contre le froid. Ils connaissent la musique, déchiffrent le ciel nocturne, bref, ce sont des Humains avec une culture élaborée, pas si éloignés de nous qu’on pourrait le croire. Or cette représentation réaliste et quelque peu apaisée de notre passé nous aide à mieux nous connaître.

 

1 Il est souvent prétendu que l’espérance de vie se limitait à une quarantaine d’années, ce qui n’est en fait qu’une moyenne, étant donnée la haute mortalité infantile en bas-âge, c.à d. avant 5 ans. Une fois ce cap fatidique passé, des individus pouvaient vivre jusqu’à 60, 80 ans ou même plus.

 

6

 

Mais revenons à la Pierre aux Fées, qui est incontestablement un beau»dolmen massif, avec une esquisse d’allée d’accès que d’autres sites pourraient nous envier. 

 

Certains dolmens sont ainsi nommés «à couloir», c’est-à-dire que les vestiges que nous voyons à Saint-Ange pourraient n’être que le coeur d’un caveau funéraire anciennement recouvert d’un tumulus. Ceint de murs de pierre, celui-ci serait d’une envergure bien supérieure aux vestiges actuels, (comme ci-dessous à Newgrange, Irlande). 

L’allée bordée de blocs de granite le suggère; les deux «rocailles» visibles à l’ouest de la Pierre aux Fées seraient-elles incluses dans un ensemble originel plus vaste? Ajoutez à cela l’étonnant alignement Nord-Sud des dolmens de Pers-Jussy, Reignier, Saint-Cergues et Bons-en-Chablais et vous obtenez une configuration de sites aux dimensions remarquables...(Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-aux-Fées_(Reignier)

 

 

Mais il y a plus. L’allée d’accès de la Pierre aux Fées pointe au Sud-Ouest vers le Mont Salève. Plus précisément vers le creux entre le Grand et le Petit-Salève. Et si vous passez par-là au solstice d’été (21 juin), vous pourrez constater que le soleil s’y couche exactement dans le creux de la montagne, ce qui n’est pas vilain.

Pas bêtes, les ancêtres! Ils avaient bien choisi l’emplacement de leur monument et cet alignement cosmique fait inévitablement penser aux dispositifs connus à Carnac, Newgrange et Stonehenge, où les rayons solaires, cette fois au solstice d’hiver, viennent frapper le fond du caveau.

 

Dans ces lieux célèbres, les vestiges préhistoriques sont aujourd’hui mis en valeur et les touristes s’y rendent. Pourquoi notre dolmen demeure-t-il si discret et qu’est-ce qui pourrait être fait pour lui rendre honneur?

Sur place, aucune indication, pas de nom ni de panneau explicatif, juste la route qui permet de passer à toute vitesse devant (ou plutôt à travers) le site, à tel point qu’on peut facilement le rater. 

Un revêtement différent sur cette portion de route pourrait au moins en souligner l’existence, comme l’«accueil» pavé ci-dessous (Abbaye de Thoronet, Var).

 

 

La végétation environnante, terne alignement de haies, ne fait pas non-plus très «néolithique». 

Sur la page internet de la commune, un explicatif intéressant mais anonyme et clairement incomplet, garni d’une seule photo. Aucun lien vers d’autres sites web. Il faut se rendre sur Wikipédia pour trouver un réel descriptif de notre Pierre aux Fées.1 

 

Ce dolmen, classé monument national, vestige de trois mille ans avant J.C., soit 5000 ans en tout, constitue un beau rappel du passé. Un passé que nous gagnerions à revisiter, ne serait-ce que pour mieux préparer l’avenir.

 

Ce que suggère l’AERE pour la Pierre aux Fées:

Un panneau didactique, un embellissement de la chaussée et une mise à jour du site internet de Reignier-Esery, seraient quelques mesures bien peu coûteuses pour rendre un digne hommage à nos lointains ancêtres.

 

Phil Chloro

 

 

Sources: Ancient Ireland, Life Before the Celts, L. Flanagan, éd. Gill&Macmillan, 1998

Préhistoire; de Toumaï et Lucy à Ötzi et Homère, J.-M. Perino, éd. MSM Litteris, 2013.

Sapiens, Une brève histoire de l’humanité, Y. N. Harari, éd. Albin Michel, 2012. Diverses sources, Internet. 

 

1(https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-aux-Fées_(Reignier)

 

 

 

 

 

 

 

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