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AERE, Association Environnement Reignier-Esery

Avec malice et esprit positif, nous agissons localement pour l'environnement: Pédibus, AMAP, autoconstruction de fours solaires, boîtes d'échanges de livres et objets, qualité de vie et questions de mobilité - Les solutions existent, rejoignez-nous ! Retrouvez-nous également sur https://www.facebook.com/associationAERE/

Les Mobilités à Reignier-Esery

Publié le 3 Mars 2018 par Phil Chloro

Comme l’AERE a continué de travailler sur les mobilités locales ces dernières années, il est temps de vous faire part de la situation telle que nous la voyons et telle qu’elle nous est rapportée par les nombreux commentaires des Reignerands croisés ici ou là.

Que se passe-t-il réellement? Que pouvons-nous espérer? Comment nos enfants se déplaceront-ils demain? L’AERE vous propose de faire le point sur la situation des transports dans la commune et dans la région.

Cette actualité comporte différentes facettes et sera traitée en plusieurs volets, dont voici le premier.

Situation générale

Nous sommes dans une région d’intense activité économique, largement transfrontalière, pour le meilleur et pour le pire: c’est le «Grand-Genève». La prospérité autant que les nuisances qu’elle engendre peuvent être illustrées par la carte ci-joint. On y voit le nord de la Haute-Savoie en rouge foncé, reflétant le taux élevé de mobilité des personnes (soit 29% de la population ayant déménagé en cinq ans1).

Reignier-Esery fait partie des ces territoires qu’on ne peut plus qualifier de campagne, tant le mitage du rural (construction extensive d’habitations) a fait et fait encore des ravages, en dépit des bonnes intentions du Schéma de Cohérence Territorial (SCOT), qui ne donne pas l’impression d’être respecté dans les faits. Il serait désormais plus approprié de l’appeler «ville-campagne», un territoire où survivent les dernières petites exploitations agricoles entourées de villas, elles-même dispersées autour de hameaux qui finissent parfois par se rejoindre...

1 Mobilité générale. % des habitants en 2008 qui ne résidaient pas dans la commune en 2003. In Le Mystère Français, Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, Seuil

 

Pendulaires

S’il est plus facile de trouver un emploi dans la vallée de l’Arve qu’au fin-fond de la Creuse, les effets secondaires de cette relative prospérité sont indéniables. Il est évident que la majorité des déplacements s’effectue en auto aux heures de pointe, c’est-à-dire pour aller au travail et en revenir. Avec 98% de transports individuels, la structuration du territoire engendre un trafic automobile toujours plus intense.

Les bouchons montrent bien que c’est de - et vers Annemasse et Genève que se concentrent les problèmes. Les ralentissements se sont allongés ces dernières années. Sorties d’autoroute, quartiers sud de Genève, bords de l’Arve et route départementale 2, chacun sait qu’un contretemps sur la route peut engorger une longue section du cordon de bitume. Ce qui rappelle le mot du douanier Suisse, disant que s’il contrôlait chaque véhicule à la douane de Vallard, il créerait un bouchon jusqu’à Paris...


 

 

Fracture

Si les personnes actives en capacité de conduire s’en sortent encore, ce n’est pas le cas de celles et ceux pour qui l’achat d’un véhicule représente une dépense trop onéreuse. Certaines d’entre elles finissent par quitter la région. C’est le phénomène de «gentrification», qui repousse les moins favorisés vers les banlieues, elles-mêmes en constante expansion. Conséquence: les distances de transport s'allongent...

Pour les enfants, les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite, c’est le semi-désert. Rappelons à cet égard que chacun de nous peut faire un jour ou l’autre l’expérience de la mobilité réduite, le temps d’un problème de santé. C’est dans ces moments que l’on se rend compte de ce que représente l’insuffisance des transports publics!

 

Trafic local

Une étude commanditée par la mairie il y a quelques années a montré que le trafic à l’intérieur de l’agglomération est lui aussi significatif. A partir du moment où l’on prend son auto pour aller au travail, dans la foulée on dépose ses enfant à l’école et on fait ses courses... Faute d’alternative, l’auto devient l’unique moyen de déplacement; on n’y pense plus, même pour des trajets courts en-dehors de heures de pointe, comme celles et ceux qui vont chercher en auto leur baguette de pain à la boulangerie, à 500 mètres de chez eux. Et pourquoi ne le feraient-ils pas, puisque les places de stationnement abondent?

 

Tout-automobile

Cette situation engendre de sérieux problèmes, non-seulement en termes d’occupation du territoire (surfaces dévolues aux parkings), d’accidentologie (les chiffres sont repartis à la hausse en France) mais aussi pour chacun de nous qui respirons. La qualité de l’air est, comme vous le savez, médiocre dans toute la vallée de l’Arve y compris à Reignier-Esery et l’automobile fait partie du problème. Même si Cluses et Chamonix sont les communes qui souffrent le plus, nous ne sommes pas épargnés et les décès dûs à un air pollué sont estimés à 40.000 personnes chaque année en France (voir dans ce blog Une-vallee-qui-tousse-et-qui-gronde).

Comme la mesure des causes de pollution peut être extrêmement compliquée, il paraît sage de s’en tenir aux trois grandes causes de dégradation de l’air en val d’Arve telles que formulées dans la plupart des études: l’industrie, les chauffages et le trafic automobile. On peut donc postuler, en gardant la complexité à l’esprit, que l’automobile serait responsable pour un tiers du problème. En tout cas, son rôle est significatif. Mieux vaut reconnaître cela que de baisser les bras devant ceux qui tenteraient de brouiller les responsabilités en avançant toutes sortes de nuances plus ou moins datées, jamais synthétisées! 

A cet égard, vous êtes nombreux à vous questionner sur les chauffages au bois, qui ont été pointés du doigt dernièrement. On peut répondre que gaz et pétrole viennent de très loin, souvent par cargo, ce qui n’est pas très bon pour leur empreinte-carbone... Le bois est une énergie éminemment renouvelable et le CO2 qu’il stocke durant sa vie et qu'il dégage lors de sa combustion est également émis lorsque ce bois se décompose. En d’autres termes, si on laisse pourrir un tronc dans la forêt au lieu de le brûler, il pollue autant qu’en se consumant dans une chaudière. Les cheminées ouvertes (âtres) et les vieux poêles sont effectivement à proscrire, mais brûler du bois d’origine locale dans un insert (norme Flamme Verte) ne saurait être réprimé, pour autant que sa combustion soit optimale.

Brûler du mauvais bois est effectivement polluant et pour jouir d’un bon feu de bois sec, il convient de s’informer car les méthodes de stockage sont plus subtiles qu’on pourrait le croire. Des livres existent sur la question.

Alternatives

Les alternatives à la voiture sont bien maigres. Le car LIHSA passe une à deux fois le matin mais le retour depuis Genève ne semble pas prévu. Quant au minibus Proximiti, il dessert l’hôpital de Findrol avec deux correspondances pour Genève le matin, en une heure. On est loin des cadences qui seraient à même d’attirer les pendulaires et pour peu que les heures ne correspondent pas à leurs besoins, ils ne prennent pas ce bus. Le car a en outre le défaut de pouvoir être pris dans les bouchons, ce qui n’est pas le cas du train, mais certains spécialistes pensent tout de même qu'un bus à haut niveau de service peut constituer une solution, surtout s'il circule en voie propre.

Train: de l’or en barre?

A l’heure où tram et train retrouvent leurs lettres de noblesse dans nombre de métropoles européennes, l’AERE postule que pour une région aussi dynamique que la nôtre, la ligne ferroviaire du val d’Arve devrait être considérée comme de l’or en barre! L’on n’est plus aujourd’hui dans la confrontation autophobe et chacun reconnaît que nos voitures nous rendent d’immenses services, pour autant qu’elles soient utilisées à bon escient. Mais c’est désormais la pluralité des modes de transport qui est garante de notre qualité de vie.

Le bouquet

La mobilité moderne se définit par un «bouquet» d’offre de transport et chacun devrait pouvoir choisir, selon ses objectifs du jour, s’il se déplace en tant que pendulaire avec une simple malette - dans ce cas il prendrait le train ou covoiturerait, en tant qu’automobiliste devant emporter du matériel ou en tant que sportif parcourant certaines distances à vélo. Dans cette vision, la voie ferrée qui se faufile de Chamonix à Genève à travers un territoire complexe représente un potentiel gravement sous-estimé.

Certes, le CEVA - soit le futur Léman-Express, desservira dès 2020 La Roche sur Foron trois fois par heure, mais pour une malheureuse question de passage à niveau jamais résolue, des trains passeront en gare de Reignier sans s’arrêter! Le risque est grand que seul un TER sur trois desserve notre petite bourgade, ce qui laissera les reignerands... sur le quai. Le potentiel de passagers est pourtant estimé à plusieurs centaines de pendulaires et le parking-relais (P+R) déjà prévu. 

Tardivement, nos élus se sont battus  pour obtenir l’amélioration suivante: Lorsque le Département aura réussi à financer le contournement routier de Reignier, la rue de la Gare pourra être détournée et le passage à niveau de la gare supprimé, ce qui devrait rendre possible l’arrêt des trois trains horaires en gare de Reignier. Nous ne verrons pas cette réalisation avant plusieurs lustres (entretemps, la réouverture de la gare de Monnetier aurait été demandée à la SNCF).

 

Canular

Pour illustrer cette situation, mentionnons l’opération TERA «Transports Efficaces Reignier-Annemasse», un canular annonçant en 2014 dans la presse la création d’une compagnie de train autogérée, démontrant que la voie ferrée, si peu fréquentée, pourrait recevoir des rames de train supplémentaires sans gêner la SNCF, ou même sans qu’elle s’en aperçoive, tant le sillon est sous-utilisé... En effet, le trajet dure neuf minutes mais il n’y a de train que toutes les heures au mieux. Voir dans ce blog http://aere.reignier.esery.over-blog.com/2014/05/une-nouvelle-compagnie-de-train-va-naitre-en-haute-savoie.html.

Vélo...

L’avez-vous remarqué? Le nombre de cycliste est en nette augmentation. On en voit par temps de pluie, pélerine au vent, ou en plein hiver, casqués et masqués, filant discrètement sur le bitume entre les bouchons. Il faut dire que l’on partait de presque zéro vélos il y a vingt ans. C’est pourquoi un récent pointage réalisé par une association du pays de Gex relevait plus de 200% d’accroissement du trafic vélocipédique en 2017.

...électrique

Le VAE ou vélo à assistance électrique n’y est pas pour rien. Cet engin, d’abord qualifié de «vélo pour paresseux» a en effet l’avantage de gommer les reliefs: l’effort pour pédaler reste nécessaire mais il devient plus constant. Résultat, on arrive à destination sans transpiration ni essoufflement, et avec la satisfaction d’avoir fait bouger son corps tout en se déplaçant littéralement «porte-à-porte». La capacité actuelle des VAE permet de parcourir des distances moyennes et Reignier-Annemasse ou Esery-La-Roche en font partie. Son prix demeure élevé si on le compare à un vélo traditionnel, mais si on le met en balance avec l’achat d’une deuxième voiture ou d’un scooter, le rapport change.

Et la bicyclette?

Hormis la Colline, le territoire de Reignier reste relativement plat et se prête très bien à l’usage de la bicyclette traditionnnelle, pour autant que des pistes et bandes cyclables le permettent. C’est pourquoi l’AERE suit l’évolution de la situation depuis plusieurs années, recensant les problèmes, alertant les décideurs lorsque ceux-ci oublient les mobilités douces (cet aspect sera développé dans un prochain article).

 

L’AERE a également sensibilisé les enfants et leurs parents, en célébrant plusieurs années de suite la petite reine avec un Carnavélo. Ce défilé festif montrait combien il serait sain et joyeux que les enfants puissent se rendre à l’école en pédalant. Las! Il est connu que le manque d’aménagements appropriés est le principal facteur décourageant les parents de laisser leur progéniture parcourir librement le macadam.

C’est pourtant par les nouvelles générations qu’un changement des comportements serait le plus à même d’advenir. La «sédentarité» de jeunes et le temps qu'ils passent devant les écrans, de plus en plus décriés par les spécialistes, font partie de cette problématique.

 

Pédibus

L’AERE a agi, à son échelle, de manière constructive: En 2009, création à Reignier d’un PEDIBUS, avec cinq lignes qui ont fonctionné sans anicroche durant 5 ans. Nous reparlerons du pédibus dans un prochain article.

Avec la commission Environnement de la mairie, plusieurs «journées des mobilités douces» furent organisées dans le cadre de la Semaine européenne des mobilités, lors des rentrées scolaires de septembre.

De l’air!

L’AERE a récemment rejoint le mouvement INSPIRE - AIR74, bien relayé jusqu’à Paris avec la récente visite de Nicolas Hulot et deux autres ministres à Chamonix, ainsi que les manifestations VELORUTION regroupant un grand nombre d’associations de la vallée de l’Arve.

A cet égard, réservez déjà la date du samedi 26 mai 2018, où un grand défilé à vélo viendra rappeler à nos élus qu’ils ont l’obligation de veiller au respect de notre santé et que de nombreux citoyens sont prêts à enfourcher leur bicyclette régulièrement, à condition de pouvoir le faire en sécurité sur des pistes et bandes appropriées.

 

Rezopouce

Nous avons également entrepris de promouvoir, de concert avec cinq autres associations locales, REZOPOUCE, un système d’auto-stop sécurisé (https://www.rezopouce.fr). Moyennant une carte de membre permettant d’identifier chaque conductrice ou passager, ce système propose une forme de covoiturage sans réservation préalable. Il fait ses preuves en Isère et plusieurs expériences sont en cours en Haute-Savoie et ailleurs. Le territoire nous concernant regroupe 5 communautés de communes, ce qui représente plus de 100.000 habitants. A nous de convaincre les autorités qu’il vaut la peine de soutenir cette démarche complémentaire aux autres moyens de déplacement.

Covoiturage

Rezopouce n’empêche pas le covoiturage et ce dernier garde son attrait pour les déplacements réguliers: inscrivez-vous sur https://movici.auvergnerhonealpes.fr. Pour de plus grandes distances, voyez  le bien connu Blablacar.

 

"Last but not least", l’AERE a développé depuis 2012 son approche des «Points noirs» (qui deviendront prochainement des "points-couleur"). Ils recensent les lieux de Reignier-Esery les plus dangereux pour les mobilités douces, et propose aux autorités des solutions simples et pas forcément coûteuses pour la résolution de ces problèmes. Les derniers développements de cette démarche feront l’objet d’un prochain article.

 

A venir:

Pourquoi le Pédibus de  Reignier ne fonctionne-t-il plus?

Tout savoir sur les Points-circulation à Reignier-Esery.

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